La kératoconjonctivite sèche
Les glandes lacrymales produisent, tout au long de la journée, des larmes qui vont former une protection naturelle pour l’œil : le film lacrymal.
Un défaut de sécrétion de ces larmes va engendrer une sécheresse oculaire elle-même responsable d’une inflammation de la conjonctive et de la cornée.
C’est la kératoconjonctivite sèche
À quoi servent les larmes?
Le film lacrymal assure plusieurs fonctions
un rôle de protection : l’humidification permanente de la cornée permet une protection mécanique contre tout type d’agressions (vent, poussières…)
un rôle de nutrition : les larmes apportent à la cornée les nutriments et l’oxygène dont elle a besoin
un rôle de nettoyage : les petites particules étrangères sont piégées dans le mucus et éliminées par ce biais
une aide au glissement des paupières sur la cornée
Lors de défaut de sécrétion des larmes, ces fonctions ne sont plus assurées et divers symptômes apparaissent.
Quels sont les symptômes associés à la kératoconjonctivite sèche ?
Le chien souffrant de kératoconjonctivite sèche présente plusieurs symptômes
L’œil atteint est rouge. Des signes de “gêne”, de douleur sont notés (l’animal cligne régulièrement des paupières, il se frotte fréquemment l’oeil avec la patte)
Des écoulements de mucus (voire de pus lorsqu’une surinfection est présente) collent aux paupières et lui donnent un aspect sale en permanence
L’œil perd son aspect lisse et brillant
La cornée perd sa transparence : des tâches blanchâtres apparaissent d’abord par endroit puis un “film opaque” vient progressivement recouvrir la quasi totalité de la cornée
Des petits vaisseaux se développent à la surface de l’œil
Dans les stades avancés, la cornée terne et irrégulière se couvre de tâches brunes, cette pigmentation s’accentuant avec le temps
Enfin, des ulcères cornéens peuvent se creuser
Origines de la kératoconjonctivite sèche
Certaines races sont prédisposées telles que le Caniche, Cocker, West Highland White Terrier ainsi que de nombreuses races brachycéphales (chiens à museaux courts) parmi lesquelles le Shi Tzu, Pékinois, Cavalier King Charles, Lhassa Apso, Bull Dog…
Plusieurs causes peuvent en être à l’origine
Immunitaire : c’est la cause la plus fréquente de kératoconjonctivite sèche.
Le système de défense immunitaire de l’oeil s’attaque par erreur aux glandes lacrymales. L’inflammation associée entraîne leur destruction progressive et donc la diminution de sécrétion de larmes
Vieillissement : les glandes lacrymales dégénèrent progressivement avec le temps
Anomalie de développement : les glandes lacrymales ne s’étant pas formées normalement au cours du développement de l’embryon, une glande lacrymale peut, par exemple, être absente à la naissance
Déséquilibre endocrinien : notamment le Diabète ou le Syndrome de Cushing
Maladie générale : Maladie de Carré, Leishmaniose…
Médicamenteuse : Par exemple lors d’administration d’anti-épileptiques ou de prescription prolongée de certains antibiotiques de la famille des sulfamides
Dans tous ces cas, la pathologie est très souvent bilatérale
Dans d’autres cas de kératoconjonctivite sèche, seul un œil est atteint, notamment lorsque l’origine de l’affection est
Neurologique : lors de paralysie de certains nerfs de la face (d’autres symptômes sont alors également présents)
Traumatique : le traumatisme provoque une importante inflammation de la conjonctive, elle-même responsable d’une destruction partielle des glandes lacrymales
Diagnostic
Pour mettre en évidence une kératoconjonctivite sèche, votre vétérinaire va pratiquer un test appelé “test de schirmer”.
Une petite bandelette absorbante graduée va être placée entre l’œil et la paupière de l’animal pendant 1 minute et recueillir les larmes sécrétées dans ce laps de temps.
La quantité de larmes produite en une minute pourra alors être évaluée et comparée aux normes établies (15 à 20mm/min chez le chien et 10 à 15mm/min chez le chat)
Un examen attentif des deux yeux permettra ensuite de rechercher d’éventuelles lésions secondaires comme
une pigmentation ou la présence de petits vaisseaux à la surface de la cornée
la présence d’ulcères cornéens révélés par un test à la fluorescéine. Ce produit coloré se fixe sur les zones lésées de la cornée, permettant la mise en évidence de la présence d’éventuels ulcères.
Traitement
Votre vétérinaire recherchera, au cours de la consultation, une affection ou une cause précise pouvant expliquer la présence de la kératoconjonctivite sèche. Ainsi, si un médicament peut être incriminé, il sera, dans la mesure du possible, arrêté. De même, si d’autres symptômes sont associés à la kératite, une maladie générale sera envisagée et son traitement instauré.
Le traitement qui peut ensuite être mis en place repose sur
L’application, matin et soir, de pommades ophtalmiques lacrymogéniques à base de cyclosporine
Cette molécule stoppe le processus de destruction auto-immun des glandes lacrymales (il est donc particulièrement utile lors de kératoconjonctivite sèche secondaire à un trouble immun)
Elle stimule la sécrétion de larmes
et permet de lutter contre les surinfections
L’instillation, plusieurs fois par jour, de substituts de larmes qui vont jouer le rôle des larmes naturellement sécrétées par les glandes lacrymales
Pour un résultat optimal, ces pommades et gels lacrymaux doivent être administrés à une heure d’intervalle minimum les uns des autres.
Votre vétérinaire évaluera l’efficacité du traitement par la réalisation d’un nouveau test de Shirmer
Si la sécrétion de larmes est toujours très faible, les glandes lacrymales sont détruites; seul le traitement à base de substituts de larmes sera maintenu.
Si le résultat du test de Schirmer s’est bien amélioré, le traitement à base de cyclosporine est poursuivi. L’arrêt d’administration de la pommade s’accompagne généralement d’un nouveau déficit lacrymal et ce traitement doit donc, le plus souvent, être maintenu à vie.
Des collyres antibiotiques et anti-inflammatoires sont associés aux pommades de cyclosporine et aux gels lacrymaux pour traiter les lésions secondaires (surinfection bactérienne, néovascularisation à la surface de la cornée…)
Enfin, une chirurgie est parfois nécessaire
Lors d’ulcère profond, l’œil sera fermé temporairement pour faciliter la cicatrisation de la cornée
Lors de pigmentation engendrant une importante gêne visuelle, les zones pigmentées pourront être retirées chirurgicalement
Lors de kératoconjonctivites sèches réfractaires à tout traitement médical, un canal salivaire pourra, dans certains cas, être dévié afin de le faire aboucher au niveau de l’œil et assurer ainsi une humidification de la cornée
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Une kératoconjonctivite sèche non traitée a de nombreuses répercussions: douleur chronique, conjonctivites infectieuses à répétition, perte de transparence et pigmentation de la cornée entraînant une baisse de vision, inflammation cornéenne pouvant provoquer l’apparition d’ulcères voire d’une perforation de la cornée…
N’hésitez donc pas à consulter votre vétérinaire face à tout signe évocateur de cette affection (oeil rouge, douloureux, sale, terne, pigmenté…)